En ce jour anniversaire de mon entrée en incarnation, je savoure pour la première fois le délicieux privilège de pouvoir me couler dans l’existence sans plus avoir besoin de me sentir utile.
Libre et légère, me voilà délestée de la croyance égotique « tu dois être utile pour être aimée » qui a été précieuse à ma route, avant de devenir un obstacle à savourer le miracle de l’instant.
Miracle d’un ciel changeant au gré d’un léger vent, miracle de la respiration qui me berce, miracle du feu qui danse dans le poêle, miracle des couleurs d’un automne qui joue encore à l’été, miracle du silence qui m’enveloppe de sa présence dense, miracle de ces petits riens qui habitent mes jours depuis que j’ai appris à marcher après n’avoir su que courir.
Dans la délicieuse solitude de cette journée, je suis accompagnée par Christian Bobin, qui a si bien su célébrer le mystère du quotidien de sa plume, et qui vient de traverser la porte de sortie où nous serons tous conviés un jour ou une nuit.
Moi si sensible à la séparation et au deuil, je constate qu’aucune tristesse ne m’habite quand je pense à ce départ…
Une incarnation accomplie, car tissée de poésie, de pain, de vérité, de délicatesse, d’audace, lève en moi une paix et une gratitude infinies.
C’est que la Vie s’y est tellement honorée elle-même à travers ces mots vibrant de l’essentiel, qui nous dépouillent un peu plus à chaque lecture de nos illusoires échappatoires…
Alors ce jour, juste l’envie de célébrer la joie d’être, tout simplement.
Et de remercier celles et ceux dont la présence aimante amplifie cette joie.
Merci d’exister, en sincérité.
