A l’âge de 7 ans, en surprenant une conversation entre ma mère et ma tante, j’ai découvert que Saint-Nicolas, ce personnage essentiel de ma terre natale belge, n’existait pas.
Malgré la réassurance de « tu continueras à avoir des cadeaux », j’ai pleuré durant tout le week-end… Les cadeaux m’importaient peu.
Ce que je perdais en vérité, c’était la croyance en un personnage merveilleux qui revenait chaque année me délivrer son affection, en dépit de la menace de « Saint-Nicolas ne viendra pas si tu n’es pas gentille ».
Ce que je perdais, c’était l’assurance d’un amour stable, bienveillant et chaleureux, et la petite fille en avait bien besoin.
On m’a présenté cette perte comme une promotion de maturité, j’étais devenue « une grande fille », ce qui m’ouvrait les portes d’un autre monde.
Il m’a fallu du temps, pour pouvoir en profiter vraiment.
Depuis, je n’ai cessé à intervalles réguliers de voir partir des vieilles croyances-amies qui m’ont construite et aidée à cheminer, et souvent, j’ai pleuré ce socle de sécurité qui vacillait avant de pouvoir m’établir dans un nouvel équilibre de vie.
Les plus grands deuils dans cette expérience d’incarnation surviennent peut-être quand des concepts fondamentaux pour l’ego lâchent peu à peu. Ces derniers temps, c’est la croyance dans le libre arbitre et la mission de vie qui vacille…
Jusqu’où en définitive ai-je un contrôle sur ma vie ?
Jusqu’il y a peu, je pensais que j’avais le choix de revenir à La Conscience ou pas, par une pratique intérieure.
Le gland a-t-il le choix de grandir et de devenir un chêne ?
La rose peut-elle faire autre chose que fleurir et embaumer ?
La chatte Princesse peut-elle éviter de chasser un oiseau dont elle me fait cadeau ?
Je suis devant des forces de vie qui circulent à travers des formes.
Le fait que j’en sois un peu consciente me permet-il réellement de disposer du libre arbitre ?
Ai-je quelque chose à voir dans ce processus d’ouverture de conscience qui se fait depuis des années en moi, parce que je me sens attirée par La Lumière, comme le tournesol suit le soleil ?
Le mental aimerait le croire, le cœur y croit de moins en moins…
Je médite, je prie, j’observe mon intériorité, je ne peux pas faire autrement.
C’est en moi, ça pousse, les forces de vie se déploient à leurs rythmes.
Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?
Mais alors, ma mission de vie, qu’est-ce qu’elle devient ?
Celle qu’il faut absolument que je réalise pour être digne d’être aimée par La Vie, Dieu, La Conscience, qu’est-ce que j’en fais ?
Je découvre qu’à un endroit, j’ai encore 7 ans…
Si je ne suis pas gentille, Dieu risque de ne pas venir et je ne recevrai pas le cadeau de l’éveil.
Je suis devant une croyance qui conditionne le chemin spirituel et le dénature : « pour être aimée, il faut être utile ».
Et donc, bien sûr, il faut se bouger, réussir, « performer »… avoir et faire à nouveau, au lieu d’Être, tout simplement.
Voir l’ego spirituel à l’œuvre fait partie de la route.
Une cellule du foie se réveille-t-elle le matin en se mettant la pression pour exercer sa fonction ?
Et moi, petite cellule du grand corps de l’humanité, ai-je le choix chaque jour d’aller vers où m’emmène le courant de La Vie ?
Alors, il m’apparaît que je suis aimée comme toute forme de vie sur terre et que je n’ai plus à dépenser une énergie folle, pour avoir le droit d’exister.
Je peux cesser de m’agiter, me laisser porter et laisser se déployer ma nature singulière, tout simplement.
C’est plutôt une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?
Elle ne fait pourtant pas plaisir à l’ego… car il se retrouve sans pouvoir, remis à sa juste place de serviteur de l’âme et de l’espace du cœur.
Et voilà l’orgueil qui en prend un coup, et l’humilité qui peut revenir doucement à l’avant plan.
La guerre est finie, Jeanne D’Arc peut déposer sa cotte de mailles et son épée et profiter de l’abondance des cadeaux de La Vie, maintenant que le père fouettard a disparu.
Mais comment on fait ?
On laisse les forces de la détente se manifester peu et peu, on expérimente, on vient d’arriver dans un nouveau monde, on laisse du temps au temps…