C’est ce qui était attendu de moi pour être acceptée dans la famille, et le bébé peut difficilement faire autrement que d’entrer dans les attentes des personnes dont dépend sa survie.
L’école est donc devenue un lieu essentiel de mon existence, l’ego y trouvant son compte à coups de diplômes, de reconnaissance professionnelle et sociale, d’accumulation de savoirs rassurants pour s’orienter dans ce monde parfois déroutant.
Alors naturellement, quand l’appel de l’âme s’est fait entendre, j’ai croisé une école de la vie intérieure faite de matières et de niveaux à traverser, pour me rapprocher du maître et de Dieu.
La bonne élève a continué à s’appliquer, à apprendre, à se développer, l’ego adhérant joyeusement à cette nouvelle aventure, puisqu’une de ses croyances fondatrices continuait d’être respectée.
Un beau jour, cette scolarité ne m’a plus convenu, la libération par l’Amour que j’y cherchais ayant disparu en cours de route, au profit de la réussite spirituelle.
J’ai découvert un des pièges du retour de l’âme à la maison, sous la forme d’un ego spirituel qui se sert du chemin parcouru pour prendre le pouvoir et se gonfler d’orgueil.
J’ai quitté la prison au dehors.
Puis, je suis allée à l’école de La Vie sans plus de structure extérieure pour me guider, portée par cette croyance fondamentale que « nous sommes sur terre pour apprendre de chaque expérience ».
J’ai ainsi continué à jouer à la bonne élève qui s’applique pour comprendre les messages contenus dans chaque étape de vie qui lui est présentée.
Dieu, La Conscience, Ce Qui Est, s’en est trouvé transformé en professeur plus ou moins bienveillant, qui me donne des leçons et qui vérifie si je les ai bien intégrées, par des épreuves de plus en plus compliquées au fur et à mesure que je grandis en maturité.
Et j’ai découvert une nouvelle structure emprisonnante, au-dedans de moi cette fois… ou plutôt, créée de toutes pièces par le Moi, qui s’en donnait à cœur joie, dans cette nouvelle école où il pourrait vraisemblablement encore une fois, briller de tout son éclat.
Devenue un peu plus prudente en cours de route, j’ai croisé les points de vue, et pour ce faire, accumulé de nouveaux savoirs.
Et j’ai ainsi parfois continué à trop idolâtrer cet autre « qui sait mieux que moi », parce que plus intelligent, mûr, spirituellement avancé, liste non-exhaustive.
Chassez les ombres de l’ego par la fenêtre, elles reviennent par le soupirail…
La seule manière de dissiper peu à peu l’obscurité, c’est d’augmenter La Lumière du cœur, et d’accueillir instant après instant l’invité qui se présente, quel qu’il soit.
J’ai doucement accepté de comprendre de moins en moins, car comprendre pour comprendre ne présente absolument aucun intérêt pour gagner en Amour, en Paix, en Joie.
Qu’il est long le chemin qui nous ramène à l’humilité de s’en remettre à La Vie, et d’accepter de ne pas savoir.
Qu’elle est parsemée d’embûches la route qui nous fait passer peu à peu de l’espace du mental, à celui du cœur.
De plus en plus ces derniers temps, je me réveille en me disant « je ne sais pas ce qu’il se passe dans ce monde en transition, et finalement je m’en fous ! ».
Chaque interpellation au dehors dans le quotidien, de « tiens, il pleut ! » à « qui va gagner les élections présidentielles ? » me ramène juste au-dedans, dans cet espace sacré du cœur, où les sensations, les émotions et les pensées quelles qu’elles soient demandent à être accueillies d’instant en instant, comme on accueille un petit enfant qui s’abandonne avec confiance dans les bras qui le portent.
Le cœur, voilà que c’est lui qui mène la danse, et l’ego désorienté se demande ce qui lui arrive, maintenant qu’il n’y a plus un savoir de plus à conquérir.
Remis à sa juste place de serviteur de l’âme, il est tantôt soulagé, tantôt révolté, clairement déstabilisé…
Il faut parfois que la tempête souffle, pour qu’une nouvelle harmonie apparaisse.
Il semblerait que l’école est finie, et que ce qui apparaît peu à peu sur l’écran de La Conscience, c’est La Vie dans une profusion de possibles, d’expériences et de formes, qui n’attend rien de moi.
Aujourd’hui, j’en suis à « en tant qu’humaine, il m’est offert l’opportunité de vivre à partir de l’espace du cœur les expériences que je traverse, pour rentrer à la maison ».
Le Royaume des Cieux est au-dedans, pas au dehors.